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L’effondrement (aussi) pourrait survenir plus tôt que prévu

Aug 04, 2023

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Cela fait déjà un certain temps que j'écris longuement et abondamment sur le pic pétrolier. Pourtant, après tant d'années consacrées à des recherches sur le sujet, j'ai dû me rendre compte que j'avais peut-être raté un point important. Un aimable lecteur et un spécialiste avisé du système énergétique mondial, le Dr Louis Arnoux, a attiré mon attention sur une autre perspective. Lui et son équipe d'ingénieurs et de scientifiques de la Quatrième Initiative de Transition se concentrent davantage sur l'énergie utile que le pétrole fournit à la civilisation (plutôt que de compter les barils) et considèrent le système mondial d'approvisionnement et d'utilisation de l'énergie (GESUS comme ils l'appellent) comme un seul. mécanisme interconnecté avec des boucles de rétroaction et un comportement complexe qui lui est propre. Leurs calculs suggèrent une tournure plutôt inattendue des événements – bien avant qu’une production maximale théorique de pétrole puisse être atteinte – mettant un terme assez brutal à notre mode de vie. Voici donc une version différente de l’histoire de notre système énergétique mondial et du rôle du pétrole dans celui-ci.

Premièrement, nous devons comprendre certaines choses concernant notre système énergétique mondial, et le pétrole en particulier. Le point le plus important à souligner est peut-être que ce n’est pas le nombre réel de barils de pétrole qui compte, mais le travail utile qu’il fournit à la société. Le bon sens suggère que nous ne serions pas dans une bien meilleure situation si nous devions investir plus d'un baril de pétrole pour obtenir un baril d'énergie sur le marché. Ce serait un gaspillage net de nos efforts, n’est-ce pas ? Si tel était le cas, nous aurions besoin d’ajouter toutes sortes d’autres ressources énergétiques pour produire des combustibles liquides, ce qui finirait par saigner à mort l’ensemble de notre système énergétique. Il s’avère que cela pourrait très bien être déjà le cas.

On pourrait se demander comment est-ce possible ? Premièrement, toute l’énergie d’un baril de pétrole donné ne peut pas être transformée en travail utile, et donc réinvestie dans une exploration, un forage et un raffinage ultérieurs ; sans parler des innombrables autres utilisations de cette ressource énergétique dense. Selon une analyse détaillée de la question, le Dr Arnoux et son équipe ont conclu que seulement 62 % du contenu énergétique d'un baril de pétrole donné peut être transformé en travail productif – le reste est essentiellement perdu en raison des inefficacités et de la deuxième loi de la thermodynamique.

Avant de poursuivre avec ce que les chercheurs de la Quatrième Initiative de Transition ont découvert, nous devons comprendre pourquoi le pétrole est un apport si vital à l’économie mondiale et comment l’ensemble du système énergétique mondial en est devenu dépendant. Premièrement, nous devons comprendre que le pétrole n’est pas une substance uniforme. Il est constitué de molécules d’hydrocarbures de différentes longueurs, ayant toutes une utilité différente dans l’économie. Par conséquent, seule une fraction d’un baril de pétrole peut être transformée en carburants liquides, le reste étant utilisé pour produire une gamme de produits industriels allant des plastiques à l’asphalte, des lubrifiants à la peinture. Le pétrole est comme Dieu. Il y en a partout. Cependant, toute son énergie chimique potentielle n’est pas utilisée par la civilisation : elle constitue autant une matière première qu’une ressource énergétique. Une bonne partie de l’énergie stockée dans un baril de pétrole reste ainsi piégée dans nos produits chimiques, nos plastiques, nos pneus et dans d’innombrables autres produits… Tous finissent dans les décharges.

Pour rechercher la partie véritablement essentielle du pétrole, et ainsi réduire encore davantage le cercle des produits pétroliers, nous devons nous concentrer sur un ensemble particulier de carburants : le diesel, le carburéacteur et les qualités de fioul les plus légères. Ces produits sont appelés distillats moyens, sortant au milieu du processus de distillation et alimentant tous les notre machinerie lourde. L'exploitation minière, le transport maritime et l'agriculture, toutes les activités essentielles à la production d'énergie et au développement de la civilisation, brûlent du diesel, du carburéacteur et du mazout sans exception... Et bien que l'essence soit utile pour maintenir nos modes de vie frivoles centrés sur l'automobile, elle ne contribue que peu ou rien à maintenir un flux stable de matières premières et d’énergie dans l’économie. Vu sous cet angle étroit, le contenu énergétique réellement utile et économiquement vital du pétrole ne représente en réalité qu’une assez petite partie (20 à 30 %) d’un baril plein. Une petite coupure, mais d'une importance vitale.